L'expérience du « maître intérieur »
Le diagnostic de Nietzsche qui réduit le christianisme à une morale vouée à se dissoudre semble se vérifier aujourd’hui, tout du moins en Europe. En 1966, le théologien K. Rahner préconise pour le croyant le retour indispensable à l’expérience de Dieu, qui se manifeste dans sa vie en l’éclairant « de l’intérieur ». Il lie indissociablement cette dynamique à ce qui est à la fois propre de l’humain et de l’Esprit de Dieu et la nomme « mystagogie ». Au croisement de ces deux pronostics, nous pouvons situer l’expérience du « maître intérieur » consignée par Augustin dans son De magistro. À la lumière de ce traité et des Évangiles, nous constatons que la transformation de la relation entre maître et disciple se déroule en trois temps : à la guérison de la peur d’être succède le temps de l’amitié, jusqu’à ce que la figure du maître, désormais intériorisée, ouvre le sujet à sa propre unicité. Expérience mystique et conscience éthique apparaissent ainsi indissociables, conduisant le croyant sur la voie de sa propre autonomie.
Mots-clés
- Morale
- Expérience mystique
- Conscience éthique
- Maître intérieur
- Mystagogie