Que se passe-t-il lorsque le Mal se réalise dans le bienfait ? Comment imaginer que deux filles puissent un jour désirer aimer leur mère hospitalisée au point d’user et d’abuser de son corps afin de satisfaire à une injonction surmoïque paradoxale ? Derrière l’affirmation du Bien élevé au statut de nécessité, les sujets en présence sont en perte de sens. La pulsion de vie est battue en brèche par Thanatos. Le Mal s’exprime dans la vie pour la mort, au détriment de l’existence et de la culture des liens symboliques. L’agir prévaut, parce qu’il faut et que c’est socialement valorisé. Face au déchaînement de pulsions non liées par une parole qui ferait scansion entre les corps en présence, la cruauté s’exprime dans l’obligation de bienfaisance. La mère, réduite à une ombre désirée, subit les assauts répétés et, en apparence désexualisés, de ces enfants en souffrance d’être de bonnes filles. La jouissance est là, manifeste, totale, absolue et muette. Une réflexion éthique s’impose.