Freud et la question de la guerre

Par David Benhaïm
Français

Considérations actuelles sur la guerre et la mort fait apparaître une intrication entre la barbarie et le progrès. Freud s’interroge alors sur l’aptitude de l’homme à la culture et met en lumière ce qu’il appelle l’hypocrisie culturelle. Si, avant la première guerre mondiale, il était possible de parler de communauté de culture pour caractériser le patrimoine culturel des nations européennes, cette guerre a rompu tous les liens de cette communauté de culture et brisé l’illusion de cet idéal de compréhension et de tolérance propres à ces grandes nations. Cependant, même si la guerre a mis à nu l’homme originaire, ce meurtrier qui gît au fond de nous, Freud garde l’espoir, comme il l’écrira dans « Passagèreté », d’un deuil qui en élaborant la perte, conduirait à un réinvestissement de nouveaux objets culturels ; on pourrait alors reconstruire tout à neuf, peut-être sur des fondements plus solides et plus durables. Entre temps il écrit Malaise dans la culture qui nous confronte à la fragilité du développement culturel habité et perturbé par une pulsion d’agression et d’auto-anéantissement dont on peut douter qu’il soit capable de se rendre maître. Cette sombre conclusion sera reprise dans l’échange épistolaire avec Einstein où il ré-évoquera sa mythologie pulsionnelle – Éros et Thanatos – qui lui permettra de penser la guerre et de tracer les voies indirectes pour la combattre.

Mots-clés

  • Barbarie
  • Culture
  • Guerre
  • Meurtre
  • Pulsion de mort