Martyr(e) Témoin de vie ou témoin de mort ?
Le martyr musulman, mort dans le cadre du combat spirituel pour Dieu, va directement au paradis ; il ne meurt pas. La félicité paradisiaque dont il bénéficie n’est pas la vision directe de Dieu qu’il ne peut pas voir. Il est « vu » par Dieu. Dans le martyre chrétien, c’est Dieu qui vient à la rencontre de l’homme. Dans l’islam, c’est l’homme qui va vers Dieu et qui conquiert, dans une sorte de projet prométhéen, la plénitude de sa propre ontologie. C’est donc un acte à caractère politique plus affirmé. Le phénomène du martyr-suicide contemporain n’est pas une spécificité islamique. Il se rencontre dans d’autres cultures religieuses comme chez les Sikhs. Par ailleurs, l’islam n’est pas un tout homogène. C’est dans le monde chiite préférentiellement, marqué par la révolution de Khomeiny où la notion de Malakut (mundus imaginalis) a une importance cruciale, que le martyr-suicide pourrait être compris comme un déicide symbolique fondateur d’un ordre politique. Comme témoin de mort, il rend témoignage pour la volonté de puissance, la libido dominandi, qui lui fait commettre l’auto-meurtre, non de soi, mais de cet Autre qui est en lui et qui l’empêcherait de devenir autonome. Comme témoin de vie, il rend témoignage de la pérennité de l’identité du groupe perçue comme une essence intemporelle. Sa mort est un moment de fondation de cette identité collective source des pires violences.
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