Partant de ses manifestations et de la manière dont il surgit dans la relation, le soupçon apparaît comme un indicateur éclairant de ce qui est en jeu dans le processus d’accès à la différenciation et à l’altérité, préalable à toute inscription subjective, et de ses écueils lorsqu’il révèle les failles narcissiques du sujet. Par ailleurs, définir le soupçon peut nous aider à décrypter le monde dans lequel nous vivons. En effet, le soupçon colonise les esprits, s’infiltre dans nos relations et vient contaminer nos représentations. Il entre dans la sphère sociale comme par effraction... Le soupçon serait-il le révélateur de l’état de fragilisation du lien social et de la manière dont nous envisageons notre rapport à l’Autre et l’accueil que nous lui réservons dans l’espace commun du vivre ensemble ? Parias, monstres sociaux, étrangers... autant d’archétypes ou de figures négatives de boucs émissaires, qui semblent condenser aujourd’hui l’angoisse du Réel à celle de notre pulsionnalité interne et sur lesquels se fondent les termes d’un nouveau pacte social.