L’impensé d’un humanisme, l’autre paradoxe de Condorcet. Considérations autour des Réflexions sur l’esclavage des Nègres
Condorcet serait-il à ranger parmi les défenseurs de l’idée d’une inégalité naturelle des races humaines et de ce fait devrait-il être classé parmi les racistes malgré la généreuse et risquée plaidoirie en faveur des Nègres ? Cette question pourrait être bien curieuse pour nombre de personnes qui ne voient les philosophes des Lumières que comme des héros au-dessus de tout soupçon, des chevaliers qui ont osé engager toute leur énergie pour l’abolition du système esclavagiste. Pourtant, à la générosité de leurs principes philosophiques qui ne semble pas connaître une application universelle surtout en direction d’une catégorie d’êtres que l’on pense substantiellement autres, ils adjoignent un mépris souverain vis-à-vis de ceux qu’ils prétendent défendre. En effet, cette attitude s’accommode bien, malgré les contradictions, de la pratique d’assujettissement et de la prise de parts dans les cartels esclavagistes. On se plaît à opposer à des objections d’ordre moral et juridique des réponses anthropologiques en feignant ne rien voir de choquant dans le maintien des Noirs dans la servitude. L’ambition de notre texte vise à provoquer un début d’un autre regard vis-à-vis de cet humanisme au-dessus de tout soupçon.
Mots-clés
- Esclavage
- Nègre
- Traite
- Abolition
- Homme
- Droit
- Liberté